La seule méthode pour maîtriser un nouveau sujet
Voici la traduction d’un article que James Altucher a publié sur son site web en mai dernier :
« Il y a certaines choses que je ne peux pas apprendre.
Par exemple, j’ai tendance à trop aimer les gens. Il est donc difficile pour moi de bien juger une personne, même en m’y efforçant. Je m’entoure donc de personnes qui savent juger les autres et je leur demande leur aide.
Ne vous forcez pas à apprendre quelque chose si vous n’en avez pas envie ou si ce n’est pas un talent naturel dont vous disposez.
Quel est le rôle du talent ? Il est moindre. Mais il faut commencer avec. Le talent est la base de l’aptitude.
Comment savoir si l’on est talentueux ? Si vous aimiez quelque chose quand vous aviez dix ans. Si vous en rêvez. Si vous aimez lire à ce sujet. Lisez la suite et vous saurez dans quel domaine vous êtes talentueux.
Croyez-moi quand je dis que tout le monde est doté de talent pour de nombreuses choses.
Au cours des vingt dernières années j’ai voulu apprendre comment très bien faire certaines choses : écrire, programmer, avoir des compétences dans les affaires (leadership, vente, négociation, prise de décision, la comédie et les jeux).
J’ai donc développé une méthode en 10 étapes pour apprendre :
1. SOYEZ PASSIONNÉ
Si l’on ne commence pas avec « passion » alors tout ceux qui le feront surpasseront ceux qui « apprécient » ou « détestent ».
C’est une règle universelle. Les premiers êtres humains à traverser la Tundra de la Sibérie à l’Alaska par -60°c devaient être passionnés. Le reste était resté dans la savane d’Afrique de l’est.
Le jour où j’ai créé mon premier programme « Hello world » [ndlr: Hello world est un programme informatique simple dont le but est de faire la démonstration rapide d’un langage de programmation], j’ai rêvé d’ordinateurs. Je me suis réveillé à 4h du matin pour retourner sur mon ordinateur et créer d’autres programmes plus avancés.
Quand j’ai commencé à écrire, j’écrivais toute la journée. Impossible de m’arrêter. Et c’était tout ce dont je voulais parler.
Quand j’avais 10 ans j’écrivais une rubrique de potins à propos de mes camarades de classe. Je lisais tous les livres de Judy Blume.[1] Je lisais tout ce que je pouvais. J’adorais ça.
La plupart de mes amis se sont lassés de moi et très vite je me suis senti très seul. Sauf quand j’écrivais.
2. LISEZ.
Bobby Fischer, un des meilleurs joueurs d’échecs de tous les temps, n’était pas si bon que ça aux échecs à ses débuts. Il avait du talent mais personne ne s’intéressait vraiment à lui.
C’est pourquoi vers l’âge de 12 ans il disparu pendant un an.
Mais à treize ans, quand il revint sur scène il était soudain devenu le meilleur joueur d’échec des États-Unis, et il par la suite le plus grand maître échiquier du monde.
Comment y est-il parvenu ? Il ne joua pourtant aux échecs que rarement lors de son année de vagabondage…
Au lieu de cela il fit deux choses :
- Il étudia tous les jeux du siècle précédent, au XVIIIe siècle.
Quand il revint sur scène il se fit connaitre pour ces techniques d’ouverture de jeux anciennes mais en plus de cela, il apporta une amélioration à chacune d’entre elles. Personne n’est d’ailleurs capable de trouver une parade à ces améliorations.
A la final de la coupe du monde d’échec, de nombreuses années plus tard en 1972, quand il joua avec Spassky, il utilisa son arsenal des années 1800 pour devenir Champion du monde.
Spassky avait inévitablement besoin de gagner pour que le match continue alors que Fischer avait seulement besoin de dessiner pour gagner le titre.
Spassky commença avec une attaque très moderne pour l’ouverture (“La Sicilienne”) mais après 13 mouvements, tous les commentateurs étaient haletants.
Fischer avait subtilement changé l’ouverture en quelque chose de très illustré datant du XVIIIème siècle appelé « Le Jeu de Scotch ». Spassky n’avait plus aucune chance après cela.
- Il apprit également suffisamment de russe pour lire les magazines russes consacrés aux échecs. A cette époque les 20 meilleurs joueurs au monde étaient tous russes. Les États-uniens n’avaient donc pas vraiment de chance contre eux.
Par conséquent, quand Fischer participa au Championnat US au début des années 1960 il savait comment vaincre les ouvertures et figures de styles des américains.
Étudier l’histoire, étudier les meilleurs joueurs, c’est la clef pour devenir le meilleur joueur soi-même. Même en commençant avec un talent moyen.
3. ESSAYEZ
Si vous voulez devenir écrivain, homme / femme d’affaires, ou encore programmeur, vous devez : écrire beaucoup, faire beaucoup d’affaires ou programmer beaucoup de programmes.
En effet, les choses peuvent mal tourner. C’est pourquoi, au début la quantité est plus importante que la qualité .
Si vous voyez quelque chose 1000 fois, vous verrez plus que la personne qui voit la même chose seulement dix fois.
Si vous ne faîtes qu’ « essayer » vous n’atteindrez que le niveau qui vous est naturel, mais il n’évoluera pas et vous ne serez pas satisfait.
4. PRENEZ UN PROF ! (Et la règle des dix fois)
Si j’essaie d’apprendre l’espagnol tout seul je n’irai nulle part. Mais en sortant avec une personne originaire d’Argentine, j’apprends beaucoup plus d’espagnol.
On trouvera toujours quelqu’un meilleur que soi-même pour nous apprendre, peu importe le domaine d’expertise. Alors toutes les semaines il faut trouver un créneau horaire pour revoir avec cette personne : nos erreurs, nos travaux effectués et nos questionnements.
Pour chaque chose que l’on aime il faut trouver un enseignant qui vous fera apprendre 10 fois plus vite.
C’est de cette façon que l’on devient excellent dans un domaine.
5. ÉTUDIEZ L’HISTOIRE, ÉTUDIEZ LE PRÉSENT.
Si vous voulez être un meilleur écrivain, lisez les grands livres du XVIIème siècle : Hemingway, Virginia Wolf, the Beats… Tous les livres qui ont survécu au temps.
S’ils ont survécu au temps contrairement à des millions d’autres c’est pour une raison: ce sont les meilleurs du monde !
Quand vous aurez fait cela, étudiez les critiques actuelles de ces livres pour voir ce que vous avez manqué. Cette étape est aussi importante que la lecture initiale.
Si vous voulez étudier les affaires, lisez les biographies de Rockefeller, Canergie… Lisez sur chaque crise, et chaque business qui a fleuri durant ces crises.
Ne lisez pas des livres d’aide au développement de business. Ils ne servent à rien. Ce sont des livres moyens qui sont sortis l’an dernier.
Passez au niveau supérieur et lisez au sujet des personnages importants, des inventions qui ont fait du monde ce qu’il est aujourd’hui.
Apprenez comment Coca-Cola ne fabrique absolument rien mais est malgré tout la compagnie de boisson la plus importante au monde.
Par dessus tout, prenez des notes de ce que vous apprenez de chaque lecture.
6. FAITES DES PROJETS FACILES A RÉALISER.
Tony Robbins m’a raconté le jour où il s’était retrouvé tétanisé par sa première mission importante en tant qu’enseignant. Il devait apprendre à un groupe de Marines comment améliorer leurs tirs de précision. « Je n’ai jamais tiré avec une arme de ma vie. » m’avait-il confié.
Il apprit le nécessaire de la part de professionnels mais il trouva en plus une technique qui donna les meilleurs scores de tirs de précision qu’aucune classe n’avait obtenue auparavant.
Il rapprocha la cible.
Il la mit à 1m50 des tireurs et ils visèrent tous dans le mille. Puis, il recula la cible peu à peu jusqu’à ce qu’elle se retrouve à la distance standard.
Et ils visèrent dans le mille de plus belle.
E.L. James (et oui je l’inclus là-dedans) écrivait une fan-fiction de Twilight avant d’écrire « 50 nuances de Grey ».
Ernest Hemingway ne se croyait pas capable d’écrire un roman, alors il écrivit des dizaines de nouvelles.
Et de nombreux grands maîtres échiquiers recommandent l’étude de la fin d’un jeu d’échec avant d’étudier les autres étapes du jeu.
Cela donne de l’assurance, ça apprend les subtilités, et ça donne un sentiment de croissance et d’amélioration, en soit, toutes les étapes menant au succès.
7. ÉTUDIEZ CE QUE VOUS AVEZ FAIT.
L’autre jour j’ai tout jeté (ou plutôt j’ai fait don à des œuvres caritatives ). Tout. J’ai jeté mes livres, mes vêtements, mes vieux ordinateurs, mes assiettes, des meubles, ma télé, des vieux papiers et tout le reste.
Je voulais faire le ménage, et je l’ai fait.
Je suis retombé sur un roman que j’avais écris en 1991. Il y a 24 ans. C’était affreux.
Pour la première fois en 24 ans, je l’ai relu. J’ai étudié ce que j’avais mal fait (on ne peut pas s’identifier aux personnages, la trame de l’histoire est trop évidente et il y a du « Deus ex machina », à tous les étages.)
Quelqu’un m’a raconté une anecdote à propos d’Amy Schumer, l’une de mes comédiennes préférées. Elle enregistre chacune de ses performances.
Par la suite, elle retourne dans sa chambre et étudie sa prestation seconde par seconde. « J’aurai du faire une pause d’un quart de seconde de plus ici », pourrait-elle dire.
Elle veut être la meilleure en comédie et donc elle examine chacune de ses prestations.
Une affaire dans laquelle j’étais impliquée s’est effondrée. Cela a été dur pour moi mais il a fallu que je me penche dessus et que je vois ce qui avait cloché. Où avais-je fait une erreur ? Je revins sur chaque niveau et écrivis ce qui s’était passé, ce que j’aurai pu mieux faire et ce que j’avais manqué.
Si vous n’êtes pas obsédé par vos erreurs, alors vous n’aimez pas assez le sujet en question pour vous y améliorer.
8. ENTOUREZ-VOUS
Regardez chaque œuvre littéraire, art, ou scène d’affaire. Les gens s’améliorent rarement de manière solitaire. Ils deviennent meilleurs en groupe.
Les Beats (ndlr: une génération d’écrivains Américains post seconde guerre mondiale), Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burroughs et une dizaine d’autres.
Les programmeurs : Steve Jobs, Bill Gates, Ted Leonis, Paul Allen, Steve Wozniak et d’autres encore venaient tous du Homebrew Club.
La scène artistique des années 50 : Jasper Johns, De Kooning, Pollack, etc, vivaient tous dans LA MÊME RUE, au centre ville de New York.
Youtube, LinkedIn, Tesla, Palantir, et dans une certaine mesure Facebook et d’autres sortent tous de ce que l’on appelle la « PayPal Mafia ».
Toutes ces personnes auraient pu bricoler chacun de leur côté, mais les humains restent des mammifères tribaux : nous avons besoin de travailler en groupe pour nous améliorer.
Trouvez le meilleur groupe dans votre domaine de prédilection, passez le maximum de temps avec eux, vous vous défierez, admirerez, envierez et enfin vous vous surpasserez à tour de rôle.
9. PRATIQUEZ UN MAXIMUM
Ce que vous faites tous les jours compte bien plus que ce que vous faites une fois de temps en temps.
J’avais une amie qui voulait s’améliorer en peinture mais elle pensait qu’elle devait être à Paris pour y parvenir dans les meilleures conditions. Elle ne parvint jamais à s’installer à Paris. Maintenant elle passe ses journées assise à remplir des papiers administratifs dans une cabine aux lumières fluorescentes.
Écrivez tous les jours, jouez tous les jours, élargissez votre cercle social tous les jours, vivez sainement tous les jours.
Mesurez votre vie selon le nombre de fois que vous faites les choses. Quand vous mourrez, serez-vous vieux de deux sessions d’écriture ou de 50 000 ?
10. DÉFINISSEZ VOTRE PLAN MACHIAVÉLIQUE
Il arrive un moment où l’élève dépasse le maitre.
Le premier gestionnaire de fond avec qui j’ai travaillé me déteste maintenant. J’ai commencé ma gestion de fond et la sienne a fait faillite. Mon projet ultime était de devenir meilleur que lui.
Mais comment ?
Après toutes les étapes citées précédemment, vous trouverez votre voix à vous. Et quand vous parlerez avec cette voix, le monde entendra quelque chose qu’il n’avait jamais entendu auparavant.
Maintenant, c’est à vous d’enseigner, d’être mentor, de créer, d’innover, de changer le monde. De faire quelque chose que personne n’a jamais vu avant et ne verra peut-être plus jamais. »
A propos de l’auteur :
James Altucher est un entrepreneur, maitre échiquier, investisseur et écrivain. Il a développé et gère plus d’une vingtaine d’entreprises.
[1] Ndlr : Judy Blume est une écrivaine états-unienne. Ses romans pour enfants ont dépassés les 80 millions de ventes et ont été traduit en 32 langues.
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